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Faut-il céder les titres ou le fonds de commerce ?

Faut-il céder les titres ou le fonds de commerce ?

Si vous exercez en société, en cas de cession, vous avez le choix entre céder le fonds seul ou céder les titres. 

 


Cession du fonds de commerce
 

Céder le fonds seul consiste à ne vendre que des éléments d’actifs de la société, c’est-à-dire l’ensemble des éléments qui permettent d’exercer l’activité : matériel, mobilier, outillage, marchandises et stock pour ce qui est des éléments corporels (biens corporels) ainsi que le droit au bail, la clientèle, l’enseigne, le nom commercial, les contrats de travail (biens incorporels). À noter que seuls les contrats de travail, les contrats d’assurance et les contrats d’édition sont automatiquement transférés. Les autres contrats (fournisseurs, clients, bail, etc.) doivent être négociés avec le vendeur et les cocontractants.

La société qui exploitait le fonds sera dissoute ou mise en sommeil en fonction des projets du cédant. Le repreneur, du fonds, doit, lui, créer sa propre structure juridique pour exploiter le fonds. 
 

En cas de cession de fonds de commerce, le vendeur :

- ne dispose pas immédiatement du prix de la vente. Celui-ci est d'abord placé entre les mains d'un séquestre, pendant une durée comprise entre 3 mois et demi et 5 mois et demi ;

- doit solder les comptes clients et fournisseurs, procéder à la clôture des comptes de sa société, et rembourser les crédits liés à l’exploitation du fonds de commerce ;

- sera imposé sur les bénéfices réalisés et les bénéfices en sursis d’imposition  (plus-values latentes, provisions en sursis…) ;

- sera imposé sur la plus-value réalisée, c’est-à-dire le gain réalisé entre le prix de cession et le prix d’acquisition (ou valeur d’origine) ;

- sera, à titre personnel, imposé une seconde fois, s’il s’attribue le produit de la vente par distribution ou dissolution.

 

Cession des parts sociales
 

Céder les parts sociales consiste à vendre les éléments d’actifs de la société - dont le fonds de commerce fait partie -, mais également le passif de l’entreprise, autrement dit, ses dettes. La société rachetée poursuit son activité sans interruption et tous les contrats en cours conclus pour l’exploitation de l’activité sont transférés (sauf ceux qui contiennent une clause intuitu personae).
 

En cas de cession de titres, le vendeur :

- garantit à l’acquéreur les baisses d’actifs et les hausses de passif par le biais d’une clause de garantie d’actif et de passif qui aurait une origine antérieure à la cession. En cas de survenance d’un tel événement, le cédant s’engage à indemniser l’acquéreur (exemples : redressement fiscal portant sur une période antérieure à la date d’acquisition, condamnation de l’employeur suite à un licenciement effectué avant l’acquisition). Le contenu de cette clause se négocie et doit être aménagé au cas par cas avec l’aide d’un spécialiste de la transaction (avocat ou intermédiaire en transaction de fonds de commerce) ;

- n’acquitte aucune fiscalité immédiate. C’est l’année suivante, après la déclaration de l’ensemble de ses revenus, qu’il y aura imposition sur la plus-value (flat tax de 30 % ou barème progressif de l’IR avec possibilité d’abattement).


L'avis d'Amélie Duclos, avocate chez Degroux-Brugère et associés

Dans quelle situation est-il plus opportun pour le cédant de procéder à une cession de titres plutôt qu’à celle du fonds de commerce ? 

“Le principal avantage de la cession titres est qu’elle autorise le cédant à recourir à un apport-cession. L’apport-cession permet un report d’imposition et réduit considérablement la note fiscale sur la plus-value, si le chef d’entreprise qui cède son hôtel ou son restaurant, après avoir apporté les titres de la société exploitante à une holding créée pour l’occasion, réinvestit au moins 60 % des plus-values de cession dans les deux ans dans une autre société dans les conditions fixées par l’article 150-0-B ter du CGI, conditions élargies par la loi de finances pour 2019. Par conséquent, il est opportun pour le cédant d’étudier cette option, s’il a le projet de réinvestir le produit de la cession. Cela peut aussi être intéressant en cas de projet de transmission familiale car cette structuration peut également être adoptée en cas de projet de donation. On parle alors d’opération de donation-cession, permettant, sous conditions, de transmettre des liquidités aux enfants à moindre coût fiscal (la plus-value de cession des titres n’est alors pas taxée).”


L'hotellerie Restauration -
Fonds de commerce - mardi 18 juin 2019 09:05